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nable est sûre. La foi, c’est la connaissance de la révélation sans laquelle il est impossible de vivre et de penser. La révélation, c’est la connaissance de ce que l’homme ne peut atteindre par la raison, mais qu’il reçoit de l’humanité tout entière : le commencement de tout ce qui est caché dans l’infini. Telle doit être, selon moi, la propriété de la révélation qui engendre la foi, et que je cherche dans la tradition chrétienne. C’est pourquoi je m’adresse à elle avec les exigences les plus sévères de la raison. Je ne lis pas l’Ancien Testament parce qu’il ne s’agit pas pour moi de savoir quelle était la religion des Juifs, mais en quoi consiste celle du Christ, dans laquelle les hommes trouvent un sens tel qu’il leur donne la possibilité de vivre.

Les livres hébraïques peuvent être intéressants pour nous comme explications des formes qu’a revêtues le Christianisme. Mais nous ne pouvons reconnaître la continuité de la religion d’Adam jusqu’à nos jours, puisque, jusqu’à Jésus-Christ, la religion des Juifs fut localisée. Étrangère pour nous, la religion des Juifs nous intéresse comme toute religion, comme celle des Brahmanes, par exemple, tandis que la religion du Christ est celle par laquelle nous vivons. Étudier la religion des Juifs pour comprendre la religion du Christ, c’est la même chose qu’étudier l’état de la bougie non allumée pour connaître la flamme de la bougie allumée.