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donne la réponse à cette question non résolue par la raison, qui me conduisait au désespoir et au suicide : quel est le sens de ma vie ?

Cette réponse doit être compréhensible et non contraire aux lois de la raison, comme, par exemple, l’affirmation que le nombre infini est pair ou impair. La réponse ne doit pas être contraire à la raison, autrement je n’y pourrais croire. Elle doit être compréhensible, non arbitraire, et indiscutable pour la raison, comme l’idée de l’infini pour quiconque sait compter. Elle doit répondre à ma question sur le sens de la vie ; sinon elle m’est inutile. La réponse doit être telle que, bien qu’incompréhensible par son essence (comme l’essence de Dieu) et en soi-même, ses conséquences correspondent à mes exigences raisonnables, et que le sens attribué à ma vie résolve toutes les questions de mon existence. La réponse doit être non seulement raisonnable, claire, mais aussi juste, c’est-à-dire telle que j’y puisse croire indubitablement comme je crois à l’infini.

La révélation ne peut pas être basée sur la foi, telle que la comprend l’Église : l’acceptation à priori de tout ce que l’on me dira. La foi découle de la conviction raisonnable touchant la véracité de la révélation. La foi, selon l’Église, est un engagement imposé à l’âme humaine avec menaces et récompenses. Selon moi, la foi est la certitude que la base sur laquelle est fondé chaque acte raison-