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l’erreur et qu’il se forme ainsi un plus grand nombre de sectes, ce prétexte n’est pour moi d’aucune importance. Il pouvait avoir de l’importance quand l’interprétation de l’Église était compréhensible, et qu’il n’y avait qu’une seule Église et une seule interprétation. Mais maintenant, avec les interprétations de l’Église sur le fils de Dieu, Dieu, sur Dieu en trois personnes, sur la Vierge demeurée vierge en mettant au monde un fils ; sur le corps et le sang de Dieu pris sous les espèces du pain, etc., interprétations qui ne peuvent trouver créance dans un cerveau sain, et qui sont non pas une mais des milliers, un pareil prétexte, on a beau l’invoquer, n’a aucun sens.

Maintenant, au contraire, l’interprétation est nécessaire, une interprétation qui mettrait tout le monde d’accord. Et cela ne sera possible que quand l’interprétation sera raisonnable. Si cette révélation est la vérité, elle ne doit pas et ne peut pas avoir peur de la lumière de la raison. Elle doit l’appeler. Si cette révélation n’est que sottise, tant mieux qu’elle soit dénoncée. Dieu peut faire tout, c’est entendu, mais il y a une chose qu’il ne peut pas faire : dire des absurdités. Et écrire une révélation incompréhensible serait absurde.

J’appelle révélation ce qui se découvre à la raison arrivée à ses dernières limites — la contemplation de la vérité divine, c’est-à-dire placée au-dessus de la raison. J’appelle révélation ce qui