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n’en doutais déjà plus. Mon désaccord intérieur devint enfin si violent qu’il me fut impossible de fermer les yeux comme autrefois, sciemment, et que je dus me mettre à étudier cette doctrine que je voulais accepter.

D’abord je demandai des explications aux prêtres, aux moines, aux archiprêtres, aux métropolitains, aux savants théologiens. On m’expliqua tous les passages obscurs, souvent tendancieux, encore plus souvent contradictoires. Tous en référaient aux Saints Pères, au catéchisme, à la théologie. Je pris alors des ouvrages théologiques et me mis à les étudier. Cette étude m’a amené à la conviction que la religion confessée par notre hiérarchie et enseignée au peuple est non seulement un mensonge, mais une tromperie immorale. Dans la doctrine orthodoxe j’ai trouvé l’exposition des dogmes les plus extraordinaires, sacrilèges et immoraux, non seulement inadmissibles pour la raison, mais absolument incompréhensibles et contraires à toute morale ; et je n’ai rien trouvé ni sur la vie, ni sur le sens de la vie. Au contraire, force m’était de voir que tout l’exposé de la théologie tendait non point vers l’explication du sens de la vie et de la doctrine de la vie, mais à affirmer des propositions dénuées de sens, inutiles, et à condamner ceux qui les rejetaient. Cet exposé s’efforçant de réfuter les autres doctrines m’amena, malgré moi, à examiner les autres doctrines religieuses. Celles-ci étaient