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pas, on ne peut pas (bien que, comme toujours, la raison n’en soit pas donnée) considérer le diable comme une image, c’est une personne réelle. Reuss suppose la même chose, mais pourquoi ? Cela demande une explication.

Pour quiconque est libéré de l’interprétation de l’Église, il est clair que les paroles attribuées au tentateur n’expriment que la voix de la chair, contraire à cet esprit dans lequel se trouve Jésus-Christ après le sermon de Jean. Une telle compréhension des mots tentateur, trompeur, Satan, qui tous signifient la même chose, est confirmée 1o par ce fait que le personnage du tentateur est introduit juste pour exprimer la lutte intérieure ; rien n’est ajouté pour caractériser le tentateur ; 2o parce que la parole du tentateur n’explique que la voix de la chair et rien de plus ; 3o parce que les trois tentations sont les modes d’expression les plus habituels de la lutte intérieure qui se répète dans l’âme de chaque homme. En quoi donc consiste cette lutte intérieure ? Jésus a trente ans ; il se regarde comme le fils de Dieu. Voilà tout ce que nous savons de lui, au moment où il écoute le sermon de Jean. Jean prêche que le royaume du ciel est venu sur la terre, que pour y entrer, sauf la purification par l’eau, la purification par l’esprit est nécessaire. Jean ne promet aucun état extérieur ; aucun phénomène extérieur n’indiquera la venue du royaume du ciel ; le seul indice de sa venue