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risent le mieux l’essence divine ». Comment cela ? Dieu a un caractère, c’est-à-dire une particularité qui le différencie d’un autre Dieu ? Non, il est clair que nous parlons de quelque chose, mais pas de Dieu. Poursuivons :

« Pour se former de ces attributs des idées distinctes, et les exposer sous une forme systématique, anciennement déjà les théologiens cherchèrent à les classer, et, au moyen-âge surtout, comme dans les temps modernes, on imagina une infinité de classifications semblables, qui toutes, quoique à un degré différent, ont leur mérite ou leurs défauts. La principale cause des derniers est bien facile à concevoir : les attributs de l’essence divine, comme cette essence même, nous sont tout à fait incompréhensibles. Au lieu donc de chercher inutilement à en trouver une classification parfaite, nous choisirons celle qui nous semble la plus juste et la plus simple» (p. 127, 128).

« Les attributs de l’essence divine, comme cette essence même, nous sont tout à fait incompréhensibles ». Alors quoi ? Ne commettons pas de sacrilège, n’en parlons pas. Non : « C’est pourquoi nous choisirons la classification qui nous semble la plus juste ».

« Dieu, par son essence, est un Esprit ; mais dans tout esprit, outre la nature spirituelle proprement dite (la substance), nous distinguons en particulier deux principales forces ou facultés : la raison et la volonté. »

Comment, dans l’esprit simple, la classification de la raison et de la volonté ! Mais où cela est-il dit ? On a parlé seulement, en général, de l’esprit, mais