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Je comprends de moins en moins ce qu’on veut me dire, et il devient de plus en plus clair à mes yeux, que pour un certain motif, pour des motifs cachés quelconques, il est nécessaire, dédaignant le bon sens, les lois de la logique, de la parole et de la conscience, de faire ce qu’on a fait jusqu’à ce jour : c’est-à-dire de ravaler ma conception de Dieu, celle de tout croyant, à une conception basse, à demi-païenne.

Voyons donc ce qu’il est dit de cette nature et des qualités de ce que l’auteur appelle Dieu :

« § 17. Idée de l’essence de Dieu. Dieu est esprit. Le mot Esprit désigne en effet de la manière la plus compréhensible l’essence, la substance ou la nature divine incompréhensible pour nous. Nous ne connaissons que deux espèces de substances : les substances matérielles, composées, dépourvues de connaissance et d’intelligence : les substances immatérielles, simples, spirituelles, plus au moins douées de la faculté de connaître et de comprendre. Il nous est impossible d’admettre que Dieu ait en lui une substance de la première espèce, lorsque dans toutes ses œuvres, tant de la création que de la Providence, partout nous voyons les traces de la plus haute raison » (p. 118).

Pour confirmer ces paroles incompréhensibles, ineptes et embrouillées, l’auteur cite, en renvoi, les paroles de Jean Damascène, tout aussi fausses et incompréhensibles.

« En apprenant, dit-il, ce qui est attribué à Dieu, et en remontant de là jusqu’à son essence, nous parvenons à concevoir, non l’essence elle-même, mais