Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faut entendre le mot un non au point de vue du nombre, mais à celui de la totalité, c’est-à-dire qu’il est un ou unique, dans ce sens qu’il n’y a pas d’autre Dieu » (p. 96).

Si touchantes que soient ces paroles du Père de l’Église, par son aspiration à élever sa conception à un niveau supérieur, il n’en est pas moins évident que l’auteur, ainsi que ce Père de l’Église, ne luttent que contre la multitude des dieux et ne veulent qu’un Dieu unique, mais ils ne comprennent pas que les mots : « seul, unique, » expriment le nombre, et, par conséquent, ne peuvent être appliqués au Dieu en qui nous croyons. Et quand il dit de Dieu « qu’il est seul ou unique, non par le nombre », c’est comme s’il disait qu’une feuille « est verte ou verdâtre, non par sa couleur. »

Il est évident qu’ici la conception de Dieu est analogue à celle d’un unique soleil, mais n’exclut nullement la possibilité d’un autre soleil. Tout ce qui peut résulter de cette citation, c’est donc la conviction que celui qui désire suivre les raisonnements ultérieurs doit renoncer à la conception de Dieu, commencement de tout, et abaisser sa conception jusqu’à la conception à demi-païenne d’un Dieu unique, tel qu’il est compris dans l’Ancien Testament.

Dans le chapitre des Preuves, tiré de l’Ancien Testament, sont cités les textes sur l’unité divine, textes qui font naître la conception de Dieu, du