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lui. Il ne reste que des prétextes à une doctrine aussi insensée. Les prétextes sont clairs si l’on regarde, maintenant, les palais et les carrosses des archevêques et, au vie siècle, le luxe des patriarches, ainsi que les premiers temps des apôtres, si l’on tient compte du désir de chaque docteur de confirmer la vérité de sa doctrine. L’Église affirme que sa doctrine est basée sur la doctrine divine. Les Actes et les Épîtres sont cités dans ce cas, à tort, car les Apôtres, les premiers, ont fait sortir les principes de l’Église, de cette même Église dont il faut prouver la vérité. C’est pourquoi leur doctrine, pas plus que la doctrine postérieure, ne peut confirmer le fait que l’Église est basée sur la doctrine de Christ, si proche qu’elle soit de l’époque du Christ. Selon la doctrine de l’Église, eux sont des hommes, et lui, Dieu. Tout ce que Dieu a dit est vrai, tout ce qu’ils ont dit est sujet à caution et objection. Les Églises le sentaient, c’est pourquoi elles se hâtèrent de mettre sur la doctrine des Apôtres le sceau de l’infaillibilité du Saint-Esprit. Mais si, écartant ce procédé, on se met à étudier la doctrine même du Christ, on demeure frappé de cette audace avec laquelle les docteurs de l’Église veulent baser leur doctrine sur celle de Jésus-Christ, qui nie ce qu’ils veulent affirmer.

Le mot ecclesias, qui n’a d’autre sens que réunion, n’est employé que deux fois dans les Évangiles, et les deux fois par Matthieu : « Sur lui, sur