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ci apprendra. » Et un peu plus loin : « Celui qui apprendra sera en obéissance. Celui qui distribue, qu’il distribue avec gaîté ; celui qui sert, serve avec zèle ». Et ensuite : « Pourquoi te fais-tu berger étant brebis : pourquoi te fais-tu la tête étant le pied ; pourquoi veux-tu être le chef, étant placé au rang des soldats ? »

D’après ces paroles il est facile de comprendre quel sens on donne au mot Église quand il s’agit de son infaillibilité dans l’œuvre de prophétie. Sans doute toute l’Église du Christ, en général, qui consiste en des bergers et des troupeaux, est infaillible. Mais puisque garder, enseigner, interpréter la parole divine n’est donné qu’à une certaine classe de pasteurs, puisque le troupeau est obligé de suivre sans broncher, dans cette œuvre sainte, la voix de ses maîtres élus par Dieu, il est évident que dans l’explication de la doctrine de l’infaillibilité de l’Église, il faut avoir en vue, principalement, l’Église qui enseigne, unie d’ailleurs indissolublement à l’Église enseignée.

Du reste, ce que l’Église entend par Église est clair. Ce n’est rien d’autre que le droit des uns d’éduquer les autres. Pour expliquer ce droit, elle dit qu’elle est infaillible. Et elle est infaillible, dit-elle, parce qu’elle tire sa doctrine de la source de la vérité, de Christ. Mais dès qu’il y a deux doctrines qui se réclament également de Christ, ce motif tombe, ainsi que tout ce qui est basé sur