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celles qui ont rapport au nombre. Or, la première chose que Dieu daigne révéler lui-même aux hommes est exprimée par le nombre : Moi = 3 ; et 3 = 1 ; et 1 = 3.

Il n’est pas possible que Dieu réponde ainsi aux hommes qu’il a crées, auxquels il a donné la raison pour le comprendre.

Non, ce n’est pas possible. Un homme distingué, causant avec quelqu’un, n’emploiera pas de mots que son interlocuteur ne peut comprendre. Où est-il cet homme d’esprit obtus qui, à la question que lui pose un enfant, ne saurait répondre de manière à être compris de lui. Comment donc Dieu, en se révélant à moi, aurait-il parlé de manière à ce que je ne le comprisse point. Moi, sans avoir la foi, je me suis fait une explication de la vie, et tout incrédule s’est fait une explication analogue. Quelque mauvaise que soit l’explication, c’en est une cependant. Mais cela n’est pas une explication. Ce n’est qu’une succession de mots dénués de sens, qui n’éveillent aucune conception. J’ai cherché le sens de ma vie dans la science raisonnable et j’ai trouvé que la vie n’a pas de sens. Ensuite, il me sembla que la foi lui donnait un sens, et je me suis adressé à la gardienne de la foi, à l’Église. Et voilà que dès sa première proposition, l’Église affirme qu’il n’y a aucun sens dans la conception même de Dieu.

Mais cela me paraît peut-être dénué de sens,