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que ce paragraphe 9, ne disent encore rien de l’objet, et préparent seulement à l’exposition de la suite. Le but de ce paragraphe est évidemment de préparer le lecteur au rejet de sa conception de Dieu, comme commencement de tout, incompréhensible, afin qu’il n’ose nier ces révélations sur Dieu, qui lui seront données comme des vérités basées sur la tradition. Ce paragraphe est résumé par une citation de Jean Damascène, qui exprime la pensée de tout le reste.

« La divinité, dit-il, est ineffable et incompréhensible ; « car nul ne connaît le Père que le Fils, et nul ne connaît le Fils que le Père » (Matthieu, xi, 27). De même le saint Esprit connaît Dieu, comme l’esprit de l’homme connaît ce qui est dans l’homme (i, Corinthiens, ii, 11). Or, à l’exception du premier être, l’être souverainement heureux, jamais personne n’a connu Dieu, sinon celui à qui Dieu lui-même l’a révélé ; personne non seulement parmi les hommes, mais aussi parmi les puissances célestes, parmi les Chérubins et les Séraphins. Au reste, Dieu ne nous a pas laissés dans une complète ignorance par rapport à Lui. En effet, Il a mis Lui-même dans la nature de chacun l’idée de son existence, et la créature même, sa conservation, et sa direction attestent la grandeur de Dieu (Sag., xiii, 5). Outre cela, Dieu s’est fait connaître à nous, autant du moins que le permettent les bornes de notre intelligence, d’abord par la Loi et les Prophètes, ensuite par son Fils unique, notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Aussi, tout ce qui nous est transmis par la Loi et les Prophètes, par les Apôtres et les Évangélistes, nous l’acceptons, nous le reconnaissons, nous le respectons, et nous ne cherchons rien au delà. Ainsi Dieu, qui sait tout et pourvoit à la conservation de chacun, nous a révélé tout ce qu’il