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temps la participation de notre libre volonté ; comme, par cette participation volontaire, nous manifestons notre foi, notre charité et notre espérance en Dieu ; comme enfin cette participation nous coûte souvent de grands combats et de vigoureux efforts (Luc, xiii, 24 ; ii Cor., vi, 4-6 ; ii Tim., iii, 12) dans la lutte avec les ennemis de notre salut, le monde, la chair et Satan, le Seigneur veut bien nous imputer nos bonnes œuvres à mérite. Et d’abord, selon la mesure de nos progrès dans la piété sous la coopération de la grâce divine, il daigne augmenter en nous les dons spirituels (Matth., xxv, 21, 28, 29), afin que par ce secours nous puissions nous élever de puissance en puissance, de clarté en clarté (ii Cor., iii,. 18) (p. 368, 369).

Cette citation n’est que la répétition sous une autre forme de la même contradiction : Nous ne pouvons accomplir de bonnes œuvres que par la grâce ; mais la participation de notre volonté libre est également nécessaire.

L’application morale de ce dogme est encore plus ridicule qu’à l’ordinaire. En effet, il est difficile de trouver une application morale du dogme le plus immoral, et dont le but est de justifier les moyens et de fournir des revenus à la hiérarchie. Néanmoins, on trouve à propos : 1o de prier Dieu pour qu’il donne la grâce ; 2o de remercier Dieu ; 3o de prier encore ; 4o de suivre les inspirations de la grâce ; 5o l’homme, qui devient innocent comme Adam, doit tâcher de le demeurer ; 6o « Approchons-nous donc avec un cœur vraiment sincère et une pleine foi du trône de la grâce. » (p. 371) (§ 199).