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menaces qu’on m’adresse si je ne crois pas, et, par crainte, soumettre ma raison à ce qu’on appelle la grâce, c’est-à-dire à ce que la hiérarchie enseigne. Ce soin de soumettre sa raison, cette non résistance à la grâce, nous en avons tous essayé. Mais dès que l’homme cherche sérieusement la vérité, non seulement elle devient irréelle, mais toutes les raisons invoquées en sa faveur se tournent contre elle. Vous dites que si je ne vous crois pas je perds mon âme pour toujours. Mais je ne vous crois pas, précisément parce que j’ai peur de perdre mon âme pour toujours. Et surtout maintenant, quand, ayant analysé ce paragraphe, il m’est évident que la théologie, en expliquant l’importance si grande pour elle des sacrements, renonçait elle-même à attribuer un sens quelconque à cette institution et ne pouvait la justifier que par l’affirmation naïve qu’il faut croire qu’il en est ainsi. En résumant la conception de la foi dans la confiance et l’obéissance, en séparant ainsi l’inséparable, la théologie, malgré elle, est arrivée à la question des rapports mutuels de ces deux conceptions imaginaires de la foi : la confiance en ce que l’on vous enseigne, et les bons actes indépendants de la foi.

Le paragraphe 198 analyse les rapports de ces deux conceptions imaginaires.

Pour comprendre ce paragraphe, il est nécessaire de ne pas perdre de vue que, aussitôt la conception mensongère de la confiance suscitée, à la place de