Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dogme on exposait le dogme même : de Dieu, de la Trinité, de la Rédemption, de l’Église, et on donnait les raisons qui avaient amené à la foi, mais jamais il n’était dit qu’il fallût croire et qu’il fût avantageux de croire. Or, ici, tout d’un coup, au lieu de raisons, au lieu de la découverte de la vérité, on dit nettement qu’il faut un effort libre : ne pas résister mais tâcher de croire, et celui qui croira sera sauvé ; celui qui ne croira pas périra. Auparavant on découvrait les vérités divines elles-mêmes et l’on supposait que cette découverte nous menait au but unique de la doctrine : à la foi, c’est-à-dire à la connaissance de Dieu. Maintenant c’est un procédé inverse. On dit que pour que la vérité sur la sanctification soit révélée, il faut croire d’avance à cette sanctification. Crois et tout te sera révélé. Mais le but de la doctrine consiste à nous mener à la foi !

Si vous abandonnez cette voie de la découverte de la vérité qui amène à la foi ; si vous dites qu’il faut avoir confiance en vos paroles — ce que dit quiconque désire être cru — alors je n’ai déjà plus le droit de vous croire. Si c’est affaire de confiance, ma confiance ne dépendra que de mon respect plus ou moins grand pour celui qui me convainc et de la probabilité comparative de la vérité. Or, cette probabilité, dans la doctrine de la hiérarchie, comme nous l’avons vu jusqu’ici, n’existe pas. Il ne me reste donc qu’une ressource : redouter les