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compréhension et de la compréhension. Mais en réalité, il est clair que ni l’une ni l’autre de ces opinions ne fut et ne pouvait être exposée.

Dans toutes ces prétendues preuves pour et contre, on exprime une seule chose : l’existence de Dieu est reconnue du fait même qu’on pense à Dieu et qu’on parle de lui. Mais en même temps, puisque la conception de Dieu ne peut être autre que celle du commencement de tout ce que la raison reconnaît, il est évident que Dieu, commencement de tout, ne peut être compris par la raison. Ce n’est qu’en suivant la trace de la pensée raisonnable, à la limite extrême de la raison, qu’on peut trouver Dieu. Mais, parvenue à cette limite, la raison cesse de comprendre, c’est ce qui s’exprime dans tous les passages cités de l’Écriture sainte et des Saints Pères, pour et contre la compréhension de Dieu.

Des paroles profondes et sincères des Apôtres et des Pères de l’Église, qui ne prouvent que l’incompréhension de Dieu, on tire précisément, et de la façon la plus spécieuse, la compréhension de Dieu. Le but de la théologie est de prouver qu’on ne peut comprendre Dieu entièrement ; qu’on ne peut le comprendre qu’imparfaitement.

C’est peu que ce raisonnement soit dénaturé sciemment, c’est dans ces pages que pour la première fois j’ai rencontré la déformation directe non seulement du sens mais du texte même de la sainte Écriture. Le vrai texte de Jean : i, 18 : « Personne