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à-dire en quelque chose qui n’a pas de sens, qui se contredit et qu’on ne peut pas même exprimer.

Le § 194 continue le même embrouillement en prouvant que :

L’homme prend une part active à ce que la grâce divine opère en lui et par lui.

Nous lisons :

Le bienheureux Théodoret : « L’Apôtre appelait un don de Dieu et la foi en Jésus-Christ et les souffrances endurées pour ce divin Sauveur (Phil., i, 29), ne niant point à ce double égard la participation de la libre volonté (humaine), mais enseignant que, par elle-même et sans la grâce, cette volonté ne peut rien faire de bon ; car ces deux choses-ci sont indispensables : notre disposition ou volonté d’agir et la coopération divine. Et, de même que la grâce de l’Esprit ne suffit point à quiconque manque de cette volonté, aussi cette volonté seule, sans renfort de la grâce divine, ne peut amasser un trésor de vertus » (pp. 344, 345).

Ainsi, on affirme que l’homme incapable de rien faire de bon sans la grâce participe en même temps à l’œuvre de la grâce. Sans parler de l’insanité, de la contradiction, de l’immoralité de toute cette doctrine, on se demande malgré soi : Pourquoi, et à qui cela est-il nécessaire ? Et si cela est nécessaire à quelqu’un pourquoi tout cet embrouillamini ? Si l’homme ne peut rien sans la grâce, dites-le. Mais non. On prouve que l’homme ne peut se sauver sans la grâce, et en même temps qu’il doit chercher cette grâce, y aider. Il semble donc impossible de répondre à la question : Pourquoi tout cela ?