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prédestination divine des uns à la félicité éternelle, et des autres à l’éternelle condamnation, n’est point inconditionnelle, mais conditionnelle, et fondée sur la prévision que ceux-ci ne se prévaudront pas au lieu que ceux-là se prévaudront de la grâce ; 3o que la grâce divine ne contraint nullement la liberté humaine, n’agit point sur elle d’une manière irrésistible ; 4o qu’au contraire l’homme a une part active dans ce que la grâce divine opère en lui et par lui. (Lettre des Patr. d Or. sur la foi orth., art. 3.) (p. 327.)

Le paragraphe précédent définit le salut de l’homme de telle façon qu’évidemment il ne résulte en aucune manière des efforts de l’homme. Tout dépend complètement de la communication, extérieure à l’homme, de la grâce. Tout naturellement le raisonnement suivant s’imposait : si le salut dépend non de l’homme mais de Dieu, Dieu étant tout puissant, les uns sont donc destinés au salut et les autres à la perte.

Mais la théologie n’est pas d’accord avec les calvinistes. Dans le § 190 il est dit que « la grâce divine s’étend sur tous les hommes et non sur les seuls prédestinés à la justice et à la félicité éternelles ».

On cite les preuves pour démentir les calvinistes, et ce faisant, la théologie dément du même coup tous ces décrets des conciles qui ont établi que l’homme ne peut se sauver par ses propres forces.

Saint Jean Chrysostôme s’exprime ainsi : « S’Il (Jésus-Christ) éclaire tout homme venant en ce monde » (Jean, i, 9), comment demeure-t-on sans lu-