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Quant à l’usage de la liberté, voici comment nous raisonnons.

Puisque Dieu, dans sa bonté, nous a dispensé sa grâce divine qui nous éclaire (nous la nommons aussi grâce prévenante) et qui, semblable à la lumière éclairant celui qui marche dans les ténèbres, nous dirige tous, ceux qui veulent de bon gré suivre sa direction (car elle vient en aide à quiconque la cherche et non à qui s’y oppose), et remplir ses ordres nécessaires pour le salut, ceux-là reçoivent donc par-dessus une grâce particulière, qui, coopérant avec eux, les affermissant et les perfectionnant sans cesse dans l’amour de Dieu, c’est-à-dire dans les bonnes œuvres que Dieu exige de nous et qu’exigeait la grâce prévenante, les justifie et en fait autant de prédestinés. Au contraire ceux qui ne veulent point obéir à l’influence de la grâce et conséquemment ne gardent pas les commandements de Dieu, mais qui, cédant aux insinuations de Satan, font un mauvais usage de la liberté que Dieu leur donna pour qu’ils fissent librement le bien, ceux-là se vouent à la condamnation éternelle. Quant à la doctrine des hérétiques blasphémateurs, qui prétendent que Dieu prédestine les uns à la gloire et condamne les autres, sans tenir aucun compte de leurs actions respectives, cette doctrine, nous la jugeons insensée autant qu’impie » (Art. 3) (pp. 300, 301).

La troisième erreur ne saurait être exposée avec d’autres paroles que celles de l’auteur.

Par rapport à la nature de la sanctification (sanctificatio) ou de la justification (justificatio), prise dans le sens le plus étendu, les protestants soutiennent qu’elle consiste, non en une opération intérieure de la grâce divine dans l’homme, opération dont l’effet serait, d’un côté, de le puriffer de tous ses péchés, et, de l’autre, de le régénérer, de le rendre juste et saint, mais en ce que, par la faveur divine, ses péchés lui sont remis