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unis par la seule foi vraie. La première répond à un phénomène défini, historique : la réunion d’hommes soumis à certaines règles, à certains statuts, réunion pouvant formuler des décrets. Si je dis l’Église catholique de telle époque, ou l’Église romaine, ou l’Église grecque orthodoxe, je parle de certains hommes : papes, patriarches, évêques, prêtres, organisés d’une certaine façon, et dirigeant leurs troupeaux d’une certaine manière.

La seconde c’est une conception abstraite. Si je dis l’Église, dans ce sens, il est évident que les facteurs du temps et de l’espace ne lui peuvent être adaptés. La seule définition d’une telle Église, comme détentrice de la vérité divine, est en correspondance avec la vérité divine. La comparaison de ces deux conceptions, le remplacement de l’une par l’autre, furent toujours le problème de toutes les religions chrétiennes.

La réunion d’hommes qui désire convaincre les autres qu’elle possède la vérité absolue, qu’elle est sainte et infaillible, fait reposer sa sainteté et son infaillibilité sur deux bases, sur les manifestations de cet esprit qui s’exprime dans la sainteté des membres de cette union, et ensuite dans les miracles et la succession légitime de l’apostolat qui provient du Christ.

La première base ne supporte pas la critique. On ne peut pas mesurer la sainteté ni la prouver. Les miracles sont dénoncés, on en a établi la super-