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L’Église — l’union de tous les croyants, le corps de Christ — ce n’est qu’un subterfuge : attribuer une certaine importance à une institution humaine, à la hiérarchie et à sa succession imaginaire, sur laquelle tout est basé.

Sous ce rapport, étonnantes et instructives sont les tentatives des nouveaux théologiens : Vinet et ses successeurs, Khomiakov et ses disciples, pour trouver de nouveaux appuis à la doctrine de l’Église et baser la définition de l’Église non sur la hiérarchie mais sur l’union tout entière des croyants, sur le troupeau.

Ces nouveaux théologiens, sans le remarquer eux-mêmes, en tâchant de consolider cet arbre sans racines, le perdent déjà tout à fait. Ces théologiens nient la hiérarchie, ils s’efforcent de prouver la fausseté de cette base, et il leur semble la remplacer par une autre. Malheureusement cette nouvelle base n’est autre chose que ce même sophisme de la théologie par lequel elle tâche à cacher la grossièreté de sa doctrine : l’Église est la hiérarchie.

Ce sophisme, les nouveaux thélogiens le prennent comme base et détruisent définitivement la doctrine de l’Église. Et eux-mêmes restent avec le sophisme le plus évident au lieu d’une base solide. Leur erreur est celle-ci : l’Église a reçu pour les croyants deux significations principales : l’une, l’Église, institution provisoire, humaine ; l’autre, l’Église, l’union des hommes — vivants et morts —