Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

4o Il a chargé l’Église de guider et d’affermir les hommes dans une vie pieuse : notre devoir est de suivre sans résistance les inspirations d’un tel guide et de garder fidèlement tous les commandements de l’Église. (Prof. ortho., rep. 1, rep. 87-98).

5o Il a institué lui-même dans l’Église la hiérarchie ou l’autorité ecclésiastique, établi une distinction entre les pasteurs et les troupeaux, marqué à chacun d’eux sa place déterminée et son ministère : le devoir de tous les membres de l’Église, des pasteurs et des troupeaux, c’est d’être ce à quoi chacun est appelé, et de se souveuir que « nous avons tous des dons différents selon la grâce qui nous a été donnée » (Rom., xii, 6), et que « la grâce a été donnée à chacun de nous selon la mesure du don de Jésus-Christ » (Eph., iv, 7) (p. 289, 290).

Voilà donc ce que c’est que l’Église.

En résumé, l’Église, comme institution qui conserve et proclame la vérité des dogmes, est précisément ce sur quoi est basée toute la théologie. C’est une hiérarchie qui s’est fondée elle-même et qui se considère — contrairement à toutes autres hiérarchies — seule sainte et infaillible, seule ayant le pouvoir de propager la révélation divine.

De sorte que toute la doctrine de l’Église, comme l’enseigne la théologie, est construite pour établir la conception de l’Église, seule véritable gardienne de la vérité divine, et substituer à cette conception celle d’une hiérarchie connue et définie, c’est-à-dire une institution humaine basée sur l’orgueil, la colère et la haine, qui décrète les dogmes et enseigne au troupeau la doctrine qu’elle regarde comme