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incompréhensible, et en même temps il est compréhensible, mais seulement en partie. En cela est la vérité. Et plus loin :

« C’est là une vérité incontestable, clairement exposée dans l’Écriture sainte et développée en détail dans les écrits des saints Père et Docteurs de l’Église, sur le fondement même de la saine raison.

« Les livres saints prêchent d’une part, que « Dieu habite une lumière inaccessible, que nul des hommes ne l’a vu et ne peut le voir » (Timothée, vi, 16) ; que ni l’homme ni même quelque créature que ce soit ne connaît complètement sa nature ; que « ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles » (Romain, xi, 33, 34 ; Jean, i, 18 ; Jean, iv, 12 : Lévitique, i, xviii. 3, 4), et qu’il n’y a que Dieu seul qui connaisse Dieu complètement ; « car quel est l’homme qui sache ce qui est en l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, nul n’a connu ce qui est en Dieu que l’Esprit de Dieu (i, Corinthiens, ii, 11), et personne ne connaît le Fils que le Père, et personne ne connaît le Père que le Fils » (Matthieu, xi, 27). Mais, d’un autre côté, les livres saints nous annoncent que cet Être invisible et incompréhensible daigna lui-même se manifester aux hommes… »

Ainsi Dieu est incompréhensible pour la raison ; mais son existence est compréhensible.

« … Car les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité sont devenues visibles depuis la création du monde par la connaissance que ses créatures nous en donnent » (Romain, i, 20 ; Psaumes, xviii, 2, 5 ; Sag., xiii, 1, 5), et davantage encore dans la révélation surnaturelle, lorsque, « ayant parlé autrefois à nos pères, en divers temps et en diverses manières, par les Prophètes, il nous a enfin parlé