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trine qu’il réalisait dans sa vie. Je comprends que les hommes grossiers, en écoutant la doctrine des Apôtres, n’aient pu en comprendre que les mots, et que sur ces mots, grossièrement compris, ils aient basé leur doctrine, et, avec l’obstination propre à la grossièreté, aient défendu leur compréhension et nié toute autre, précisément parce qu’ils ne pouvaient le comprendre ; et qu’ensuite ces gens grossiers, aux premier et deuxième conciles, aient soutenu cette erreur redoutable.

De même pour le dogme du péché originel, je puis admettre la compréhension des hommes qui ne peuvent voir dans l’histoire de la chute que le fait qu’Adam n’a pas obéi à Dieu qui lui avait interdit de manger le fruit défendu. (Cette compréhension n’est pas fausse, elle n’est que grossière). De même je puis admettre l’interprétation des hommes qui disent que Jésus était Dieu et, par ses souffrances et sa mort, a sauvé les hommes. Cette conception n’est pas fausse, elle n’est que grossière et incomplète. L’interprétation d’après laquelle l’homme est tombé parce qu’il a désobéi à Dieu est juste en cela qu’elle exprime la pensée que la sujétion, la faiblesse, la mort de l’homme, sont les conséquences de ses passions charnelles. Il est également juste que Christ était Dieu, dans ce sens, comme l’a dit Jean, qu’il nous a montré Dieu.

Mais dès que les hommes commencent à affirmer