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deuxième personne de la trinité. C’est pourquoi ils ne nient point sa filialité avec Dieu, mais ils lui attribuent une signification particulière. On lui dit : « Si tu es un homme comme tous les autres, si tu manges et bois avec les gentils, tu n’as rien à nous apprendre ; mais si tu es le fils de Dieu, le Messie, montre-nous ton pouvoir et des miracles, ou marche au supplice. » Christ niait l’un et l’autre. Il disait « Je ne suis pas comme tous, j’accomplis la volonté de mon Père, Dieu, et je l’enseigne aux hommes. Mais je ne suis pas particulièrement le fils de Dieu, je ne suis le fils de Dieu que parce que j’accomplis sa volonté. Et c’est ce que j’enseigne à tous les hommes ». Voilà contre quoi il lutta toute sa vie, et c’est précisément cela qu’on lui impose et on veut prouver qu’il affirmait ce qu’il niait, alors qu’une pareille affirmation détruirait tout le sens de sa doctrine.

Selon la doctrine de l’Église, Dieu n’est descendu sur la terre que pour sauver les hommes. Leur salut est de croire qu’il est Dieu. Alors, pourquoi n’a-t-il pas dit nettement : je suis Dieu ; sinon nettement, du moins sans métaphores, de façon qu’on ne puisse, sans aucun désir mauvais, le comprendre autrement. Et même en admettant la métaphore, au moins qu’on puisse s’expliquer ses paroles dans le sens de sa divinité ; et sinon exactement mais du moins que ses paroles ne contredisent pas sa divinité. Tandis qu’il s’exprime de telle façon qu’on