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ment pas que le Verbe est Christ, mais indiquent nettement que le Verbe (logos) c’est le commencement de la vraie vie de tous les hommes.

Ensuite on dit que le Verbe s’est fait chair, et d’après les versets suivants il faut supposer qu’on parle de l’apparition de Jésus-Christ. Mais dans le verset 17 on ne dit pas que le Verbe était Jésus-Christ lui-même ; on dit comment ce Verbe se manifestait aux hommes : par la grâce et la vérité. Cela paraît exclure toute possibilité de reconnaître Christ comme Dieu. Aussitôt après nous trouvons : « Nul n’a jamais vu Dieu », de sorte que les paroles : « Nous avons vu sa gloire », ne peuvent se rapporter au Christ-Dieu. Et cependant c’est ce passage qui est considéré comme la meilleure preuve de la divinité du Christ :

Plus loin encore il est dit : « Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui en a donné la connaissance. » (Ibid., 18) C’est-à-dire, enfin, il fait voir que Jésus-Christ est le Fils unique dans le sens propre, comme étant dans le sein même du Père (p. 57).

Si le Fils unique a confessé ce Dieu que nul n’a jamais pu voir il est évident que ce Fils n’est pas Dieu. La théologie en tire la conclusion contraire :

Et, en terminant son Évangile, il fait remarquer que le but de cet Évangile était de prouver la divinité de Jésus-Christ : « Ceux-ci sont écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (xx, 31) (p. 57).