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hommes à se désigner eux-mêmes. De sorte que si Christ eût voulu dire qu’il se trouvait dans un rapport particulier, exclusif, envers Dieu, il devait choisir une autre expression pour l’exprimer. Je ne puis m’empêcher de penser que Jésus n’avait pas l’intention d’exprimer un dogme si important. S’il se nommait Fils de Dieu, s’il nommait ainsi les hommes, il ne voulait dire que cela. De sorte que ce texte prouve précisément le contraire de ce que l’auteur voulait démontrer.

Je ne citerai pas ici le témoignage des Évangiles, qui nient tout simplement la divinité du Christ ; j’examinerai seulement ceux des passages cités ici, comme preuves de la divinité du Christ.

2) La parabole des vignerons :


Dans une parabole qu’il prononça devant les prêtres, les scribes et les anciens des Juifs (Marc, xi, 27), la parabole de la vigne, « qu’un homme planta, entoura d’une haie… loua à des vignerons » (Ibid., xii, 1-2), où Il entendait par cet homme le Père céleste, qui planta son Église au milieu du peuple juif et la leur remit à eux comme chef du peuple, notre Sauveur dit que, la saison étant venue, le maître de la vigne envoya aux vignerons ses serviteurs les uns après les autres « pour recevoir du fruit de sa vigne » (Ibid., 2), mais que les vignerons ayant battu et chassé ignominieusement les uns et même tué les autres (3-5) le maître se décida à leur envoyer son propre Fils : « Enfin, ayant un Fils unique qu’il aimait tendrement, Il le leur envoya encore après les autres, en disant : ils auront quelque respect pour mon Fils. Mais ces vignerons dirent entre eux : Voici l’héritier, allons, tuons-le et