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l’homme. Mais, premièrement, l’immutabilité ne signifie nullement cela. L’immutabilité signifie qu’il est toujours le même ; et si dans les définitions des attributs de Dieu, on ajoute qu’il ne change pas ses déterminations, cette définition irrégulière est évidemment donnée en vue de l’avenir. Admettons même l’impossible, puisque nous savons par la théologie que Dieu change ses décisions, admettons que l’immutabilité de Dieu signifie l’immutabilité de ses décisions, néanmoins nous n’avons pas de preuves ; il reste un faux méprisable. La théologie reconnaît encore comme attributs de Dieu l’omnipotence, la liberté absolue, la bonté infinie. Dieu permettant la possibilité du mal moral à cause de la liberté de l’homme et punissant pour ce mal, est en contradiction avec sa bonté ; et la nécessité dans laquelle est placé Dieu, de faire que la liberté des agents soit intacte et leur contradiction avec sa liberté et son omnipotence ! Les théologiens ont fait eux-mêmes le nœud qu’on ne peut dénouer : Dieu omnipotent, bon, créateur et providence de l’homme, et l’homme misérable, méchant et libre, comme le reconnaissent les théologiens, sont deux conceptions qui s’excluent l’une l’autre.

Plus loin, nous lisons :

2o La Providence de Dieu à l’endroit des créatures se manifeste en ce qu’il les conserve, leur prête concours ou les laisse agir, et les gouverne. En conservant les