Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chair, mais ce qui est né de l’esprit est esprit » (Jean, iii, 5, 6) (pp. 601-604).

La tradition le confirme également.

Car, par cette règle de foi, même les enfants, qui sont encore incapables de pécher par eux-mêmes, sont véritablement baptisés en rémission des péchés, pour être purifiés par la régénération de ce qu’ils ont emprunté de la vieille naissance.

Ce sont enfin les assertions des Docteurs particuliers de l’Église, antérieurs à l’apparition de l’hérésie de Pélage, savoir : Justin, qui dit : « Jésus-Christ Notre-Seigneur nous a bénis pour naître et pour mourir, non qu’il en eût besoin Lui-même, mais par amour pour le genre humain, qui, du fait d’Adam (ἀπὸ τοῦ Ἀδὰμ), fut assujetti à la mort et à la tentation du serpent. » — Irénée : « Dans la personne du premier Adam, écrit-il, nous avons offensé Dieu en violant son commandement ; dans la personne du second Adam nous nous sommes réconciliés avec Lui, étant devenus soumis jusqu’à la mort ; nous n’étions les débiteurs de personne, sauf de Celui dont nous avons enfreint le commandement dès le principe. »

Dans Hilaire : « Dans l’égarement d’Adam a été compris tout le genre humain… D’un seul s’est étendue à tous la condamnation à mort et aux travaux de la vie, » etc. Nous nous abstiendrons de citer des passages analogues d’une infinité d’autres Docteurs de l’Église qui vécurent à la même époque ; ceux que nous venons de citer sont plus que suffisants pour démontrer l’inconséquence des Pélagiens, tant anciens que modernes, qui prêtent à Augustin l’invention de la doctrine du péché originel, et pour faire reconnaître la justesse des paroles de ce Docteur à l’un des disciples de Pélage : « Ce n’est pas moi qui ai imaginé le péché originel, auquel l’Église universelle croit depuis son origine ; mais toi qui rejettes ce dogme, tu es certainement un nouvel hérétique » (pp. 607-609).