Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

créatures. En conséquence, nous ne sommes pas non plus en état de juger si les idées d’un Dieu unique par essence et d’un Dieu triple en personnes sont en effet compatibles ou incompatibles l’une avec l’autre ; nous ne sommes point en droit d’affirmer que l’idée d’un Dieu unique par essence et triple en personnes implique réellement contradiction. Est-il donc raisonnable de juger de ce que nous ne comprenons pas (pp. 251, 252).

Dans les passages précédents, il était question d’une conception de l’essence et d’une conception des personnes, enseignées par le christianisme ; et cela ne se trouve nulle part. Mais supposons, sans lire ce qui précède, sans étudier tout l’ouvrage, sans nous convaincre qu’une telle différence n’existe pas, supposons que cela soit. Eh bien ! Dans la seconde citation il est dit que nous ne pouvons pas, que nous n’avons pas le droit, de dire « que cette proposition est contradictoire avec la saine raison, sans saisir la signification de son sujet et de son attribut ». Le sujet est un ; l’attribut, trois. Cela on peut le comprendre. Si le sujet est un Dieu, et l’attribut trois Dieux, alors selon les lois de la raison, la contradiction reste la même. Si, après l’introduction de la conception « Dieu » un peut devenir égal à trois, alors avant de juger raisonnablement de ce que nous ne comprenons pas, nous dirons irraisonnablement ce que nous ne comprenons pas. On voit le point de départ. Ces paroles déraisonnables, de l’aveu de la théologie, c’est la suprême raison, la suprême bonté, qui les dit en réponse