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« Non, l’affaire ne peut en rester là » — pensais-je ; et je me levai avec la ferme intention de retourner voir ce monsieur et de lui dire quelque chose de terrible, peut-être même de lui taper sur la tête avec le bougeoir s’il le fallait. Je songeais avec plaisir à ce dernier parti, et non sans une vraie peur j’entrai dans la grande salle. Par bonheur, M. Kolpikov n’y était plus. Le valet seul était dans la salle et arrangeait les tables. Je voulus lui raconter ce qui s’était passé et lui expliquer que je n’étais en rien coupable, mais je réfléchis, et dans la plus sombre disposition d’esprit, je revins de nouveau dans notre cabinet.

— Qu’est devenu notre diplomate ? — disait Doubkov. — En ce moment il décide sans doute du sort de toute l’Europe.

— Ah ! laisse-moi tranquille — dis-je d’un ton bourru. Et aussitôt, tout en marchant à travers la chambre, je trouvai que Doubkov n’était pas du tout un honnête homme : « Et cette plaisanterie éternelle, et ce sobriquet « le diplomate », il n’y a rien d’aimable en cela. Il lui faut seulement gagner Volodia et aller chez une tante quelconque… Il n’a rien d’agréable. Tout ce qu’il dit n’est que mensonge ou banalité, et toujours il cherche à se moquer. Je crois qu’il est tout simplement bête et méchant ». Pendant à peu près cinq minutes je fis de telles réflexions, et sentis en moi une hostilité croissante contre Doubkov. Et Doubkov ne faisait