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Sans causer, nous arrivâmes chez Doubkov. L’appartement de Doubkov était très beau ou me parut tel. Partout des tapis, des tableaux, des tentures, des tapisseries, des portraits, des fauteuils courbes, des voltaires ; aux murs étaient accrochés des fusils, des pistolets, des blagues à tabac et des têtes d’animaux en carton. En voyant ce cabinet, je compris qui Volodia imitait dans l’arrangement de sa chambre. Nous trouvâmes Doubkov et Volodia jouant aux cartes. Un monsieur que je ne connaissais pas (de peu d’importance probablement, à en juger par son attitude) était assis près de la table et suivait très attentivement le jeu. Doubkov était en robe de chambre de soie et en pantoufles ; Volodia, sans tunique, était assis en face de lui, sur le divan, et, d’après son visage enflammé et le regard mécontent, rapide, qu’en se détachant pour une seconde des cartes, il jeta sur nous, il était très empoigné par le jeu. En me voyant, il devint encore plus rouge.

— Eh bien, à toi de donner, — dit-il à Doubkov. Je compris qu’il lui était désagréable que je me fusse aperçu qu’il jouait aux cartes. Mais dans son expression, nul embarras. Elle me disait : « Oui, je joue, et tu t’en étonnes parce que tu es encore jeune ; non seulement ce n’est pas mal, mais à notre âge c’est obligatoire. »

Je sentis et compris cela aussitôt.

Cependant Doubkov ne donnait pas les cartes