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ne pas remarquer les regards des gens de la maison qui, de l’antichambre et du couloir, se fixaient curieusement sur moi. Gavrilo, le maître-d’hôtel, me rejoignit dans la salle, me félicita de mon admission et sur l’ordre de papa, me remit quatre billets blancs, et m’informa, également, sur l’ordre de papa, qu’à dater d’aujourd’hui le cocher Kouzma, la drojki et le cheval bai Krasavtchik seraient à mon entière disposition. J’étais si ravi de ce bonheur presque inespéré que je ne pus jouer l’indifférence devant Gavrilo, et un peu confus et perdant haleine, je prononçai la première chose qui me vint en tête. — Il me semble que « Krasavtchik est un magnifique trotteur. » Apercevant les têtes qui se montraient aux portes de l’antichambre et du couloir, et n’ayant plus la force de me contenir, au galop je traversai la salle dans mon bel uniforme aux boutons brillants, dorés. Comme je rentrais chez Volodia, derrière moi j’entendis les voix de Doubkov et de Nekhludov venus pour me féliciter et pour me proposer d’aller dîner quelque part et boire du champagne en l’honneur de mon admission. Dmitri me dit que, bien que n’aimant pas boire de champagne, il irait aujourd’hui avec nous, afin de boire avec moi « à toi ». Doubkov me déclara que je ressemblais, je ne sais pourquoi, à un colonel ; Volodia ne me félicita pas, et dit seulement, d’un ton sec, que maintenant, nous pouvions partir après-demain à