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coup plus que tous ces collégiens, et je ne pensais pas qu’ils pussent se permettre avec moi de telles familiarités. Enfin on commença à appeler les noms. Les lycéens s’avançaient hardiment, en général, répondaient très bien et s’en retournaient gaiement.

Notre catégorie était beaucoup plus timide, et, comme il me semblait, répondait plus mal. Parmi les vieux, quelques-uns répondaient remarquablement, d’autres très mal, Quand on appela Semenov, mon voisin, aux cheveux gris et aux yeux brillants, me poussa grossièrement, passa par-dessus mes jambes et s’approcha de la table. À l’air des professeurs, on remarquait qu’il répondait très bien et avec assurance. Revenu à sa place, sans même s’inquiéter de la note qu’il avait obtenue, il prit tranquillement ses cahiers et sortit. Plusieurs fois déjà, j’avais tressailli au son de la voix qui appelait les noms, mais ce n’était pas encore mon tour par ordre alphabétique, bien qu’on eût déjà appelé des noms commençant par I. — « Ikonine et Teniev, » cria subitement quelqu’un du coin des professeurs. Un frisson courut dans mon dos et dans mes cheveux.

— Qui a-t-on appelé ? Quel Barteniev ? — disait-on autour de moi.

— Ikonine, va, on t’appelle ; mais qui est Barteniev, Mordeniev ! — Je ne sais pas, ma foi, — fit un lycéen grand et rouge qui était derrière moi.