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XVII


En entrant dans l’izba, le vieux salua encore une fois, avec le pan de sa blouse essuya le coin d’un banc et en souriant demanda :

— De quoi vais-je vous honorer, Votre Excellence ? L’izba était blanche[1] ! propre, vaste, avec une soupente et des lits. Des troncs frais de tremble, entre lesquels on apercevait de la mousse, n’étaient pas encore noircis. Les bancs neufs et les planches n’étaient pas encore luisants, ni le sol piétiné. La femme d’ilia, une paysanne jeune, mince, au visage allongé, pensif, était assise sur la couchette et, du pied, balançait un berceau suspendu au plafond par une longue perche. Dans le berceau, respirant faiblement et les yeux fermés, dormait un nourrisson. L’autre femme, forte, aux joues rouges, la

  1. Dans le centre de la Russie, jusqu’ici le tuyau des poêles est considéré comme un luxe. Là où les poêles n’ont pas de tuyau, pendant le chauffage, la fumée emplit toute l’izba et sort par la porte. À cause de cela tous les murs sont enfumés et l’izba s’appelle noire. Là où il y a des tuyaux l’izba est dite blanche.