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— C’est vrai, notre père Mitri Mikolaïevitch — dit le vieillard en regardant le maître avec une bienveillance paternelle — c’est vrai que dans les livres c’est écrit comme ça. Mais peut-être est-ce écrit exprès : « Il fera comme nous écrivons et du reste nous nous en moquons ! » Ça arrive ! Comment peut-on apprendre à l’abeille où mettre la cire ? Elle essaye elle-même : tantôt en largeur, tantôt droit. Tenez, regardez s’il vous plaît, — ajouta-t-il, en ouvrant une des ruches voisines et en regardant l’ouverture couverte d’abeilles qui bourdonnaient en grimpant sur la cire courbée. — Voilà, c’est une jeune, on voit qu’il y a là-bas la reine ; elle met la cire droit et de côté, comme il lui convient le mieux et suivant la forme de la ruche. — Et se laissant entraîner visiblement par son sujet favori, il ne remarquait pas la situation du maître. — « Aujourd’hui elle apporte la prise sur ses pattes, la journée est chaude et l’on voit tout — ajouta-t-il en refermant la ruche et en serrant avec un torchon une abeille qui grimpait ; ensuite il attrapa de sa main calleuse quelques abeilles posées sur son cou ridé. Les abeilles ne le piquaient pas, mais Nekhludov, lui, avait peine à se retenir pour ne pas s’enfuir des ruches. Les abeilles l’avaient piqué en trois endroits et bourdonnaient autour de sa tête et de son cou.

— Et tu as beaucoup de ruches ? — demanda-t-il en se dirigeant vers la porte.