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il les a tous mariés. Tantôt il a pris des jeunes filles du village, et maintenant il a marié Iluchka à une affranchie qu’il a rachetée lui-même, et ma foi, c’est une belle femme.

— Et vivent-ils en bon accord ? — demanda le maître.

— Quand à la maison il y a une tête, alors c’est toujours bien. Prenons les Doutlov, on sait que les femmes, les brus se querellent et s’injurient en préparant les repas, mais quand même, sous le vieux ils vivent en paix.

La nourrice se tut un moment.

— Maintenant, on dit que le vieux a l’intention de mettre son fils aîné, Karp, à la tête de la maison. Moi, dit-il, je suis vieux, mon affaire est d’être près des abeilles. Oui, Karp est un bon moujik, exact, mais quand même, il est loin du vieux patron. Il n’a pas cet esprit !

— Alors, Karp voudra peut-être s’occuper des terres et des bois, qu’en penses-tu ? — dit le maître qui désirait savoir de la nourrice tout ce qu’elle connaissait sur les voisins.

— C’est peu probable, petit père, — répondit la nourrice. — Le vieux n’a pas passé l’argent à son fils. Tant qu’il vivra, il le gardera, alors c’est toujours la raison du vieillard qui commande et eux s’occupent plutôt de roulage.

— Et le vieux ne consentira pas ?

— Il aura peur.