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troïkas, et du bétail, des vaches, des chèvres ; quand les bêtes reviennent des champs et que les femmes sortent dans la rue pour les amener dans la cour, alors devant les portes c’est un troupeau énorme qui s’arrête. Et des abeilles ! Ils ont au moins deux cents ruches, et peut-être davantage. Oui, c’est un très riche moujik et il doit avoir de l’argent.

— Qu’en penses-tu ?… Il a beaucoup d’argent ? — demanda le maître.

— Les gens disent, mais c’est peut-être par méchanceté, que le vieux a pas mal d’argent, mais lui-même n’en parle pas, il ne l’avouerait même pas à ses enfants, cependant, il doit avoir de l’argent. Pourquoi ne s’occuperait-il pas des bois ? Peut-être craint-il de faire ainsi répandre le bruit qu’il est très riche. Il y a cinq ans, il s’est associé à Chkalik, l’aubergiste, pour l’exploitation des prairies. Je ne sais pas, moi, si Chkalik l’a trompé, mais le vieux a perdu trois cents roubles ; depuis il a laissé cela. Et comment n’est-il pas riche, petit père, Votre Excellence, — continua la nourrice, — ils ont trois terres, la famille est grande et tous sont des travailleurs, et le vieux lui-même, on ne peut pas dire le contraire, est un vrai patron. Il réussit en tout, au point que les gens s’en étonnent. Pour le blé, pour les chevaux, pour le bétail, pour les abeilles et même pour les garçons, il a toujours de la chance. Maintenant,