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vous a inquiété pour rien. C’est une vieille rusée, une bonne ménagère, mais pourquoi tracasser le maître pour cela ? Eh bien ! Elle s’est querellée avec sa bru, celle-ci l’a peut-être bousculée, c’est une affaire de femmes ! Il valait mieux se réconcilier que vous déranger. Vous prenez tout déjà trop à cœur sans cela, — prononça le gérant avec une tendresse indulgente, en regardant le maître qui, en silence, à grands pas, montait devant lui la ruelle.

— Vous allez à la maison ? — demanda-t-il.

— Non, je vais chez Davidka Bielï ou Koziol… Comment l’appelle-t-on ?

— En voilà aussi un coquin. Tous ces Koziol sont ainsi. On a beau faire avec lui, rien n’y aide. Hier, j’ai traversé les champs des paysans, chez lui, le sarrasin n’est pas même ensemencé. Que voulez-vous faire avec de telles gens ? Si du moins le vieux apprenait à son fils !… Autrement il ne travaille ni pour lui-même ni pour la corvée. Que n’avons-nous pas essayé déjà avec lui, votre tuteur et moi : on l’a envoyé au poste, on l’a puni à la maison. Voilà ce que vous n’aimez pas…

— Qui, le vieillard ?

— Oui, le vieux. Combien de fois le tuteur devant tout le mir, l’a-t-il châtié, eh bien ! Le croiriez-vous, cela ne faisait rien, il se secouait, s’en allait, et c’est toujours la même chose. Et Davidka, vous dirai-je, est un paysan calme, pas sot, qui ne