Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VIII


— Allons, montre-moi tes chevaux, ils sont dans la cour ?

— Parfaitement, Vot’ xcellence, comme on a ordonné, j’ai fait. Pouvons-nous désobéir ? Iakov Alpatitch a ordonné de ne pas laisser les chevaux dans les champs, parce que le prince les regardera, alors, nous ne les avons pas laissés. Nous n’osons pas désobéir à Vot’ xcellence.

Pendant que Nekhludov sortait, Ukhvanka ôta la pipe qui était sur la planche et la jeta sur le poêle. Ses lèvres remuaient toujours avec inquiétude, même quand le maître ne le regardait pas. Une maigre jument au pelage gris bleu remuait sous l’auvent de paille pourrie, un poulain de deux mois aux jambes longues, d’une couleur indéfinissable avec le museau et les pattes gris bleu, ne s’éloignait pas de la queue échevelée et remplie de glouterons de la jument. Au milieu de la cour, les