Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II


Le jeune seigneur, comme il l’avait écrit à sa tante, s’était tracé des règles de conduite pour gérer sa propriété, et toute sa vie et toutes ses occupations étaient partagées par heures, jours et mois. Le dimanche était réservé à la réception des solliciteurs : serviteurs et paysans, aux visites chez les paysans pauvres, afin de leur porter des secours après l’avis du mir[1], qui se réunissait chaque dimanche soir et décidait qui il fallait aider et par quel moyen. Plus d’une année était déjà passée dans ces occupations, et le jeune homme n’était plus tout à fait novice, tant en pratique qu’en théorie, dans la gestion de ses biens.

Par un beau dimanche de juin, après avoir pris son café et parcouru un chapitre de Maison rustique, Nekhludov, avec un carnet et une liasse de

  1. Assemblée des chefs de famille d’un village ou de plusieurs villages d’une même commune, et qui jouit d’un très grand pouvoir sur les paysans, tant au point de vue administratif, qu’économique, juridique et moral. — N. T.