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tait nullement en disant que toute sa vie était dans l’amour de son mari, et en effet toute sa vie le prouvait, mais selon notre compréhension, cette manière de redire sans cesse et sans aucune gêne l’expression de son amour était répugnante ; et quand elle en parlait devant des étrangers, nous avions honte pour elle autant que lorsqu’elle faisait des fautes de français.

Ce qu’elle aimait le plus au monde était son mari, et son mari l’aimait, surtout les premiers temps, quand il remarquait qu’elle ne plaisait pas qu’à lui seul. Le seul but de sa vie était de captiver l’amour de son mari, mais on aurait dit qu’elle faisait exprès tout ce qui pouvait lui être désagréable, et toujours afin de lui montrer et la force de son attachement et qu’elle était prête à se sacrifier elle-même.

Elle aimait la toilette, père aimait à la voir dans le monde comme une beauté qui excite les louanges et l’admiration. Elle sacrifiait son plaisir de la toilette à mon père et s’habituait de plus en plus à rester à la maison en blouse grise. Papa, qui considéra toujours la liberté et l’égalité comme une condition nécessaire des relations de famille, espérait que sa favorite Lubotchka et sa douce jeune femme, se lieraient très franchement, très amicalement ; mais Avdotia Vassilievna sacrifiait sa personne et croyait nécessaire de montrer à la vraie maîtresse de la maison, comme elle appelait Lubotchka, un