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XLI

L’AMITIÉ AVEC NEKHLUDOV


Précisément à cette époque, mon amitié avec Nekhludov ne tenait que par un cheveu. Il y avait déjà trop longtemps que je commençais à l’observer pour ne pas lui trouver des défauts, et comme dans la première jeunesse nous n’aimons que passionnément, nous n’aimons que les hommes parfaits. Mais dès que le brouillard de la passion commence à s’éclaircir, et qu’à travers lui les rayons clairs du raisonnement commencent à se faire un chemin et que nous voyons l’objet de notre passion sous son véritable aspect, avec ses qualités et ses défauts, seuls les défauts, comme la chose inattendue, se projettent, exagérés devant nos yeux clairs ; le désir de savoir, la nouveauté, et l’espoir que la perfection, chez un autre, n’est pas impossible, nous encouragent non seulement à la froideur,