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IV

NOTRE CERCLE DE FAMILLE


Pendant ce printemps, papa fut rarement à la maison. Mais quand cela lui arrivait, il était très gai, tapotait sur le piano ses airs favoris, faisait de petits yeux tendres et inventait sur nous tous et sur Mimi des plaisanteries dans le genre de celles-ci : « Le prince héritier des Grouzines a rencontré Mimi à la promenade et en est devenu si amoureux qu’il vient de présenter une requête au synode afin d’obtenir le divorce » ; — ou bien : « On me nomme attaché à l’ambassade de Vienne » ; — et il nous disait tout cela de l’air le plus sérieux ; il effrayait Katenka avec les araignées dont elle avait une peur terrible ; il était très aimable avec nos amis Doubkov et Nekhludov, et sans cesse il racontait à nous et à nos hôtes ses projets pour l’année suivante.

Bien que ses plans changeassent presque chaque