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bras, mais craignant que cela ne ressemblât à de la tendresse, il me poussa le coude et me fit signe de venir au salon.

— Sais-tu de quel secret a parlé Lubotchka ? — demande-t-il après s’être assuré que nous étions seuls.

Volodia et moi causions rarement en tête-à-tête et de choses sérieuses, de sorte que, quand cela arrivait, nous éprouvions une certaine gêne réciproque, et, devant nos yeux, comme disait Volodia, des petits garçons commençaient à sauter. Mais maintenant, pour réponse à la confusion qui se lisait dans nos yeux, il continuait à me regarder fixement et sérieusement avec une expression qui disait : « Il n’y a pas à se gêner ici, quand même nous sommes frères et nous devons prendre conseil sur une importante affaire de famille ». Je compris, et il continua :

— Papa épouse mademoiselle Epifanov, tu le sais ?

Je fis signe de la tête parce que j’en avais déjà entendu parler.

— C’est très mal, — continua Volodia.

— Pourquoi donc ?

— Pourquoi ? — répondit-il avec dépit. — C’est très agréable d’avoir un oncle qui bégaie comme le colonel et toute cette parenté. Et elle aussi, maintenant, elle paraît bonne, mais qui sait ce qu’elle sera ? Pour nous, par exemple, c’est peu impor-