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de plaisanterie qui lui était particulier dans les affaires les plus sérieuses.

Avdotia Vassilievna semblait s’être adapté l’expression de bonheur qui, à cette époque, brillait presque toujours dans ses grands yeux bleus, sauf à certains moments, où elle était prise d’une telle timidité que moi, qui connaissais ce sentiment, j’avais pitié et peine à la regarder. Dans ces moments, on voyait qu’elle avait peur de chaque regard, de chaque mouvement, et qu’il lui semblait que tous la regardaient, s’occupaient d’elle, et trouvaient tout en elle inconvenant. Elle se regardait effrayée, sans cesse son visage changeait de couleur, et alors, très haut et hardiment, en général, elle commençait à dire des bêtises, et, sentant cela, et sentant que tous et papa l’entendaient, elle rougissait encore plus.

Mais en pareil cas, papa ne remarquait pas les bêtises, il la regardait toujours passionnément, il toussotait, ravi.

J’ai remarqué que ces accès de timidité, bien qu’ils prissent Avdotia Vassilievna sans aucune cause, parfois se montraient immédiatement, quand devant papa, on parlait de n’importe quelle femme, belle et jeune. Ses fréquents passages de la mélancolie à cette gaîté étrange et inhabile, dont j’ai parlé déjà, l’emploi répété des mots et des expressions favorites de papa, la continuation avec les autres des conversations commencées avec papa, tout