Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Va au diable ! — cria Dmitri en frappant du pied. — Vaska ! Vaska ! Vaska ! — cria-t-il, en haussant chaque fois la voix, dès que le garçon fût sorti — Vaska, fais-moi le lit sur le parquet.

— Non, il vaut mieux que je couche sur le parquet, — dis-je.

— Eh bien ! cela m’est égal, fais-le quelque part, — continua Dmitri d’un ton aussi fâché. — Vaska, pourquoi ne fais-tu pas le lit ?

Mais évidemment Vaska ne comprenait pas ce qu’on lui demandait et restait debout sans se mouvoir.

— Eh bien ! Quoi ? fais donc le lit, fais donc le lit ! Vaska ! Vaska ! » — cria-t-il subitement avec rage.

Mais Vaska ne comprenait toujours rien, et ayant peur, il ne fit pas un mouvement.

— Alors tu as juré de me per… ! de me rendre furieux !

Et Dmitri, se levant de sa chaise, courut vers Vaska et de toutes ses forces lui donna plusieurs coups de poing sur la tête. Vaska en toute hâte s’enfuit de la chambre. En s’arrêtant près de la porte, Dmitri se retourna vers moi ; l’expression de fureur et de cruauté qui, une seconde avant, était sur son visage, avait fait place à une expression si timide, si confuse, si tendrement enfantine que j’eus pitié de lui et que malgré tout mon désir de me détourner de lui, je ne pus le faire. Il ne me dit rien, mais longtemps, en silence, il marcha dans