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qu’elle allait dire ne serait pas trop amical, mais elle interrompit son silence pour me demander seulement dans quelle Faculté j’étais. Puis de nouveau, elle me regarda fixement assez longtemps, hésitant évidemment à dire où à ne pas dire cette parole intime, amicale. Remarquant cette hésitation, par l’expression de mon visage, je la suppliais de dire tout, mais elle prononça : « On dit que maintenant à l’Université on s’occupe peu des sciences » ; et elle appela son bichon, Suzetka.

Pendant toute cette soirée, Lubov Sergueievna s’exprima par des maximes dont la plupart étaient tout à fait hors de propos et ne rimaient à rien ; mais j’avais tant de confiance en Dmitri, toute cette soirée il regarda si attentivement tantôt elle, tantôt moi avec une expression qui disait : « Eh bien ? » que moi, comme il arrive souvent, bien que convaincu dans mon âme que Lubov Sergueievna n’avait rien d’extraordinaire, j’étais encore bien loin de m’exprimer ma pensée à moi-même.

Enfin, la dernière personne de cette famille, Varenka, était une grosse jeune fille de seize ans.

Elle n’avait de bien que de grands yeux gris-foncé, — qui par l’expression, mélange de gaîté et de réflexion calme, ressemblaient beaucoup à ceux de la tante, — une grosse tresse blonde et des mains très douces et très belles.

— Je pense, Monsieur Nicolas, que c’est en-