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Et ensuite venaient le recteur, le doyen et les professeurs.

Dmitri me déconseilla les dernières visites, en disant que non seulement elles n’étaient pas nécessaires, mais plutôt indiscrètes ; mais il fallait faire toutes les autres aujourd’hui. Parmi celles-ci j’étais surtout effrayé des deux premières, qui étaient suivies de la mention : indispensable. Le prince Ivan Ivanovitch était général en chef, vieux, riche, vivait seul ; avoir, moi étudiant de seize ans, des relations directes avec lui, cela ne pouvait, comme je le pensais, le flatter beaucoup. Les Ivine étaient également très riches, leur père était un fonctionnaire civil important, qui n’était venu qu’une seule fois à la maison, encore du vivant de grand’mère. Depuis la mort de grand’mère j’avais remarqué que le cadet des Ivine s’éloignait de nous et commençait à prendre de grands airs. Je savais par on-dit que l’aîné avait déjà achevé son droit et servait à Pétersbourg ; le second, Sergueï, que j’admirais tant autrefois, était aussi à Pétersbourg, un grand et gros cadet au corps des Pages.

Dans ma jeunesse, non seulement je n’aimais pas les relations avec les hommes qui se croyaient plus que moi, mais ces relations m’étaient insupportablement désagréables, grâce à la crainte perpétuelle de l’outrage, et à la tension de toutes mes forces intellectuelles pour y montrer mon indépendance. Cependant, puisque je négligeais le dernier