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était la confirmation de ce sens de la vie donné par la foi.

Je me mis donc à étudier la vie et la croyance de ces hommes.

Plus je les observais, plus j’étais convaincu qu’ils possédaient la vraie foi, que leur foi leur était nécessaire, qu’elle seule leur donnait le sens et la possibilité de la vie. Contrairement à ce que je voyais dans notre milieu, où la vie est possible sans la foi, où un sur mille, à peine, s’avoue croyant, parmi eux c’était au plus s’il y avait un incrédule contre des milliers de croyants. Contrairement à ce que je voyais dans notre monde, où toute la vie s’écoule dans l’oisiveté, les plaisirs et le mécontentement de la vie, je voyais que toute la vie de ces hommes se passait dans un dur labeur, et qu’ils étaient contents de la vie.

Contrairement aux hommes de notre monde, qui luttaient et protestaient contre le sort à cause des privations et des souffrances, les autres acceptaient la maladie, la douleur, sans aucun étonnement, sans aucune révolte, mais avec une confiance ferme et tranquille que tout cela était bien. Contrairement à ce fait que plus nous sommes intelligents moins nous comprenons le sens de la vie et voyons une ironie méchante dans la nécessité des souffrances et de la mort, ces hommes vivent, souffrent, s’approchent de la mort avec tranquillité, et le plus souvent avec joie. Tandis que la mort calme, sans